La dictée à l'adulte
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Définition

    C'est le moyen de faire produire à l'enfant un texte quand il ne peut pas encore graphier tout seul.
    L'enfant confie à l'adulte, qui sait lire et écrire, le texte qu'il ne peut encore écrit seul. La dictée à l'adulte se pratique entre un apprenant et un expert, qui va mettre ses compétences au service de l'apprenant.
    Ensemble, patiemment, enfan,t (s) et adulte donnent forme à l'histoire qui voit le jour : du jet initial au " beau texte" qui sera imprimé, lu à l'école et à l'extérieur de l'école.
    La dictée à l'adulte doit être inscrite dans une situation de communication authentique.Ses enjeux ( message qui doit être compris par un ou des destinataires absents) impliquent le respect des conventions qui n'ont aucun rapport avec celles de l'oral, à savoir une structuration cohérente des énoncés, une segmentation de la phrase en mots, une ponctuation, une orthographe.

Objectifs

    Passer du langage à la langue
    Jean Hébrard intercale entre parler et écrire, une étape qui est aussi une rupture " parler l'écrit".
    - La dictée à l'adulte vise à initier  l'enfant aux spécificités de l'écrit en le plaçant dans une situation de production.
    - Elle permet à des enfants en début d'apprentissage de saisir comment s'élabore un texte, à un moment où ils deviennent capables de concevoir et d'énoncer des messages scriptibles, mais pas encore de les graphier ou des les orthographier sans peine.
    - Elle permet de motiver les enfants et les aider à surmonter les difficultés inhérentes à l'apprentissage de l'écriture pour que très tôt celle-ci devienne un langage privilégié de communication et d'expression qui les aide à structurer leur pensée.

    La dictée à l'adulte s'inscrit dans une progression d'apprentissage dont la finalité est de faire accéder l'élève à une écriture autonome et un soutien permanent de l'effort langagier de l'enfant.

Les déclencheurs

    On n'écrit pas pour écrire , la situation d'écriture se prépare, il faut que l'enfant s'inscrive dans un projet : pour qui, pourquoi et qu'écrit-on ?

  • L'élève peut " raconter " son dessin, une aventure, une expérience personnelle, une anecdote,un incident …
  • On peut construire un projet d'écriture à partir de la lecture d'images qui donnent à penser, à rêver, qui sollicitent l'imaginaire
  • ex :"Les mystères de Harris Burdick "de Chris Van Allsburg
    "Les crapouneries" Le sourire qui mord (permet de rêver car met en scène des     transgressions d'interdits : fouiller la poubelle par exemple)
      " L'aventure " de Yves Pommaux ( imaginaire)
  • Projet d'écriture à partir d'albums ou de contes
    - on imagine la fin ( "John Chatterton détective) de Y.Pommaux) 
    - écrire une suite possible puis la confronter avec la vraie histoire 
    - ré-écrire l'histoire à sa façon 
    - écrire le texte d'un album sans texte
  • Écrire à partir de poèmes ( les haïkus japonais) les comptines
  • Les écrits fonctionnels
    • règle de jeu
    • fiche technique ……
    • Les écrits de correspondance
    • Les écrits "mémoire" ( compte-rendus, récit de visite...)
    • Les écrits scientifiques ( compte-rendu d'expérience pour le cahier de sciences)

Les modalités d'organisation

    - Situation duelle : enfant seul/ enseignant
    L'enfant dicte son texte à l'adulte ; le dialogue s'installe entre les deux. L'adulte est assis à côté de l'enfant qui le voit écrire. Cela amène l'apprenant à segmenter en même temps que l'adulte et à dicter au rythme de l'écriture du l'enseignant.
    - Groupe-classe/ enseignant pour un projet collectif
    - Petits groupes / enseignant avec production collective. Cette situation peut être moins riche mais moins accaparante pour le maître. Il y aura confrontation entre les productions des différents groupes si le projet  est collectif.
    Il est important de varier les supports, les modes de fonctionnement et les destinataires.

Rôle du maître

     C'est un secrétaire actif qui ne se borne pas à enregistrer passivement les propositions des élèves. " mon rôle consiste-t-il à enregistrer ce que disent les enfants ou à faire évoluer leurs savoirs et leurs compétences ?"

    +L'adulte à qui l'enfant dicte doit :

    · Dire ce qu'il écrit mot à mot

    • Demander à l'enfant de ralentir son débit (écart entre oral et énonciation écriture)
    • Demander des explications, des éclaircissements sur le contenu
    • S'étonner, répéter, écrire, manifester son embarras devant la forme de l'énonciation
    • Proposer certaines corrections ( interventions au niveau de la conformité avec la langue écrite)
    • Relire en cours et en fin d'activité.
    • Dire ce qu'il écrit , mot à mot
      Lorsque l'adulte adopte cette attitude, l'enfant est amené à ralentir son débit et à aligner son rythme d'expression sur celui que l'adulte adopte pour dire en même temps qu'il écrit . Cette oralisation a une autre fonction importante : elle permet à celui qui regarde l'adulte écrire, mais qui ne sait pas lire, de contrôler en permanence la fidélité du scripteur.

      Demander de ralentir son débit
      L'enseignant manifeste l'écart entre la vitesse de l'énonciation orale et celle de l'écriture en disant " Attends ! Attends ! Va moins vite " Il contribue à attirer l'attention sur le geste de la main qui écrit. Il oblige l'enfant à gérer la mémoire de son énonciation.

      Demander des explications, des éclaircissements sur le contenu.
      Il pose des questions " Moi, je  comprends "cela". Est-ce cela que tu veux écrire?"

      Montrer son embarras devant le texte produit
      La situation de dictée individuelle est particulièrement pertinente pour faire découvrir , sentir  l'existence des normes de l'écrit ( erreurs de syntaxe ou négligences graves de langage).

      " Est-ce que " cela " peut s'écrire ? Je te relis et tu me dis si cela peut s'écrire ou non ".

      Proposer certaines corrections

      On ne peut laisser l'enfant dans l'erreur. C'est le cas quand l'enfant déforme les mots (le naniversaire), se trompe sur le genre des mots ou sur les pluriels irréguliers ( les chevals) ou encore sur les variations des radicaux et les désinences verbales ( il faisa/ j'ai prendu). Il est vrai que l'on est quelquefois en face de difficultés grammaticales qui dépassent complètement les enfants de cet âge ( passage du on au nous /  le chat, il / problèmes de temps..)
      L'attitude la plus efficace est alors de proposer la formulation convenable au moment ou il faut l'écrire en signalant l'erreur, mais sans insister et surtout sans interrompre l'effort d'énonciation de l'enfant.

      Relire en cours  et en fin d'activité.

      C'est un moment très important qui est utile chaque fois qu'il y a problème, que l'enfant est en panne ou qu'il a perdu le fil.
      La relecture permet de mettre en évidence si la dernière phrase ouverte, a été ou non close. Elle aide très efficacement à poursuivre en redonnant la mémoire vive du déroulement commencé.
      A travers ces différentes interventions , le maître montre que la première écriture est un brouillon, que l'on peut rayer, corriger, ajouter des éléments, qu'il est toujours possible de revenir sur ce qu'on vient d'écrire pour l'amender.

      L'adulte à qui l'enfant dicte est aussi
      - un médiateur , celui qui donne confiance, qui encourage, qui rassure , qui aide à aller plus loin 
      - une aide à l'enfant dans son propre cheminement mais l'enseignant doit être très vigilant et ne pas livrer des idées. Par exemple " un enfant qui arrive aux deux tiers d"une histoire et il manque quelque chose. Bien sûr on aune idée et c'est très difficile de résister , de ne pas communiquer l'idée d'une fin. La solution peut être alors de ne pas proposer une fin, mais quatre ou cinq suites ou fins " (in Les cahiers du CRELEF n°30)
      - le garant de la cohérence du texte , sa conformité au type choisi. Il rappelle les consignes données au départ.

Les difficultés de mise en œuvre

  • difficultés organisationnelles  
    - que fait la classe pendant que le maître est occupé avec un enfant ?
    Règle explicite : pendant que la maître est occupé avec un élève on ne doit pas le déranger.
    Donc prévoir des tâches individuelles assez longues et absorbantes.
    - recours à des temps de présence de l'Atsem qui régule le reste de la classe.
    - si la structure de la classe le permet, mettre à profit le temps de décloisonnement
    - enfant en difficulté : ce peut être un travail avec le Rased
  • difficultés liées à la gestion des prises de parole des enfants  
    - les enfants qui ne parlent pas  
    - participation de tous 
    - les enfants s'écoutent et discutent ( interaction)
    - que la tâche demandée corresponde à leurs capacités
    - qu'ils reconnaissent leur texte au final

La dictée à l'adulte dans les programmes

      A l'école maternelle, lors de la dictée à l'adulte,  l'accent est mis sur la prise de conscience par l'enfant de la langue écrite , de son fonctionnement , de ses contraintes.
      Au cycle 2 sans délaisser pour autant cet objectif, la dictée à l'adulte permet à l'élève en se déchargeant des compétences graphiques ( tracé des lettres, gestion de l'orthographu qui ne sont pas encore acquises et automatisées) de consacrer pleinement à des démarches intellectuelles , de construire des compétences textuelles ( repérage des éléments spécifiques dans le fonctionnement de tel ou tel type de texte, maîtrise du sens de la langue écrite) pour lesquelles la médiation de l'adulte est également indispensable

BIBLIOGRAPHIE

Ø"Apprentissages progressifs de l'écrit à l'école maternelle " - programmes INRP ( Mireille BRIGAUDIOT ) - Hachette éducation -

Ø" Lire, écrire " Produire des textes ( Anne-Marie CHARTIER—Christiane    CLESSE—Jean HEBRARD ) - Hatier Pédagogie -

Ø" Dire, écrire " ( GROMMER / WEISS)  - Colin -

Ø"Production de récit écrit en GS " (Argos CDDP de Créteil n°12 1994 )

Ø"Communication et découverte de l'écrit à l'école maternelle " ONL 1997

Marilou Plot CPC Auxerre 4
Martine Poirier CPC  Auxerre 1